Art et handicap

Depuis de nombreuses années, les professeurs de 1er Acte interviennent dans des CAMSP (centre d’action médico-sociale précoce), CMPP (Centre médico-psycho-pédagogique) IME/EMPRO (Institut médico-éducatif) pour mener un atelier théâtre auprès d’enfants et de jeunes en situation de handicap présentant un handicap mental (déficience intellectuel moyenne, légère avec d’autres troubles associés) .

En quoi ça consiste ?

À travers des exercices corporels adaptés, huit à douze jeunes participent à un atelier théâtre hebdomadaire durant toute l’année scolaire. En fin d’année, un spectacle d’une durée de 25 minutes est présenté aux jeunes de l’institut, aux professionnels qui les encadrent et aux familles.

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Le travail effectué avec les jeunes a pour but de les aider à plusieurs égards :

  • Leur permettre de mieux être en lien avec les autres et trouver sa place au sein du groupe.
  • Mieux s’exprimer et verbaliser
  • Leur permettre d’exprimer des émotions, sensations et faire émerger la notion de désir et de plaisir.
  • Favoriser l’estime de soi et gagner en confiance.
  • Apprendre et faire travailler sa mémoire
  • Prendre du plaisir

Un travail de jeux sensoriels, d’écoute et de mémorisation est mis en place afin d’aider les jeunes à évoluer et progresser d’une manière adaptée.

Témoignage

« Le théâtre du soin » ou « La médiation métaphorique du soin »

C’est avant tout un projet institutional, porté par un centre de soins, le Centre d’Action Médico-sociale Précoce (CAMSP) d’Ivry-sur-Seine, en collaboration avec l’Association 1er Acte.

C’est le désir d’une équipe de professionnels de la santé, prenant en charge des enfants de 0 à 6 ans, porteurs d’handicaps sensoriels, moteurs, mentaux ou psychiques, d’assurer une pratique plus riche, diversifiée, ouverte vers l’extérieur. Car l’handicap « emmure », « isole » les familles et les équipes de soin.

La rencontre avec cette association 1er Acte nous permet d’intégrer l’handicap au sein même de la société, d’instaurer le « champs du possible » et de sortir de ces frontières jalonnant l’existence de ces familles.

Elle met également en lumière les capacités de l’enfant, par un regard humain et bienveillant. C’est une expérience créative de rencontre, d’ouverture au monde à soi. Car l’enfant vit des expériences sensorielles émotionnelles nécessaires à son bien-être, à la construction de sa vie psychique.

Le travail avec cette association fait partie intégrante de notre dispositif de soin. Ce travail est partage tant sur le plan intellectuel, qu’émotionnel. Il mobilise au sein du CAMSP quatre professionnels tout les vendredi après-midi et l’engagement également de cette association, accueillant et disponible.

Réflexion autour du dispositif de soin

« Théâtre du soin »

Nous avons chois des enfants du CAMSP, en partance dans l’année, donc les plus âgés (5-6 ans). Ces enfants ont déjà un long parcours CAMSP, des histoires douloureuse, dans lesquelles le trauma est prépondérant depuis le naissance, voire un peu avant.

Le traumatisme affecte le début de la rencontre entre l’enfant et ses parents. Tout notre travail tend à, en plus de « prendre soin » de l’enfant, d’accompagner aussi la construction des liens précoces.

Le traumatisme crée du désordre et l’handicap en lui même également.

Ce qui nous mène à penser que le théâtre, ou l’Art en général est une resource vivante, vraie et première qui permet de vivre ou revivre des états émotionnels fondateurs partagés.

Je cite Kandinsky : « La construction peut passer par la dissonance, « anarchie »… Un ordre qui a ses racines dans toute autre sphère : celle de la nécessité intérieure ».

Le théâtre conduit à la rencontre du regard lumineux de l’autre, expérience des premiers liens. Le détour métaphorique que peut représenter le théâtre permet aux enfants d’accorder leur ressenti sans pour autant avoir la contrainte pressante de l’impact direct avec la source émotionnelle qui les submerge.

L’étayage sensoriel par le théâtre permet un « mouvement entre », entre deux espaces, procurant des vécues de plaisirs partagés.

Cet étayage sensoriel des mouvements de va et vient et de la rencontre, dans « l’entre » deux espaces, celui de soi et de l’autre, permet la construction d’une identité.

Ce processus créatif permet de ré-accéder à des rencontres surprenantes, pr des associations, des déplacements en mouvement, qui vont conduire à des éprouvés unifiants et apaisants.

Le théâtre, situé dans un registre métaphorique, est au service d’une recherche d’instants d’émerveillement partagé et au service d’un déplacement d’un registre à un autre, permettant un apaisement de l’intensité émotionnelle souvent ingérable.

Le travail avec le théâtre repose par conséquent sur le sensoriel, des expériences de repentis partagés, permettant de se rassembler progressivement.

Il n’y a pas un visée de production, mais c’est le processus créatif partagé qui est essentiel.

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